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Ça fait 3 ans que les anges de la bureautique m’appellent Monsieur. Moi je les tutoie. Je suis un brave, j’ai fait mes preuves. Je bave au téléphone : 400 appels / semaine. Je capte 40 nouveaux prospects. J’ai encore la rage, mais plus beaucoup de salive. Je me sens comme un coron aux ailes noircies. Je n’irai plus au charbon. Désormais, je me déplacerai à la mine que pour toucher la maille. 

 

On ne demande pas à Mbappé de défendre. Son job : c’est de planter des buts. On ne demande pas à Elon Musk de construire ses fusées. Son job : c’est d’envoyer un peuple sur Mars. J’arrête de décrocher mon téléphone pour me taper 200 appels par jour. Mon job : c’est viser la lucarne, décrocher l’étoile et remporter la Champion’s League. 

 

L’essentiel, c’est les 3 points de mon plan de conquête. 1 : Je veux le poste de directeur commercial. 2 : faire évoluer mon offre à cause d’une erreur du service juridique. 3 : Je pars en vacances. Le mois dernier, j’ai gagné le 2ème prix du challenge : une caisse de champagne. Mais aujourd’hui, je profite du voyage à Marbella que j’ai remporté le mois précédent. J’ai pris un congé sans solde. Je bosserai plus tard. 

 

À mon retour de vacances, je lance ma nouvelle offre. « Mes chers clients, vous payez beaucoup trop cher. C’est de la faute du service juridique qui s’est craqué ». Je suis obligé de revoir tous les contrats. Mais grâce à eux je vais m’engraisser. À cause d’eux, mes clients vont casquer. J’efface 30 mois d’attente avant le prochain leasing. Mon offre est canon mais les clients : ce sont des boulets. Je n’ai rien vendu. 

 

Je passe au plan 2 bis, la base du commercial en détresse : la réserve. J’ai regardé dans le frigo. J’ai fait tous les placards, les tiroirs et la huche à pain. J’ai trouvé 4 rendez-vous. Il me reste encore du talent : « j’ai fait une vente ». 

 

Ce mois-ci, j’ai gagné 1200€. 

 

Je vaux plus que ça. Je veux être payé pour ma véritable valeur dans cette boîte. Je veux porter le costard de directeur commercial. À la taule, je taille les pt’its jeunes. Quand je cause, ils écoutent mes histoires de ventes d’il y a 3 ans. Ils suivent mes conseils. Ils vendent. Le véritable directeur commercial de cette entreprise : c’est moi.